Publié le 5 mars 2019 | Mis à jour le 5 mars 2019

Vincent Calvez – Prix de l’EMS 2016 et ERC 2015

PORTRAIT

Mathématicien, Directeur de Recherches à l’Institut Camille Jordan – Université Claude Bernard Lyon 1
Prix de l’EMS 2016 (European Mathematical Society)
ERC 2015 (European Research Council)


Apporter des problèmes aux mathématiciens et des réponses aux biologistes, en étant exigeant des deux côtés.

Vincent Calvez est aussi membre de l’équipe projet Inria NuMed et fut membre du comité diffusion du Labex MILYON.

Quel est votre parcours ? Quels sont vos domaines de recherche ?

 Je suis né en 1981. Élève normalien de l’ENS Paris, c’est là où je découvre  les mathématiques appliquées à la Biologie grâce à Benoît Perthame (1). J’ai fait un stage de six mois en Angleterre en Mathématiques appliquées à la biologie et cela m’a plu. Puis, j’ai fait un DEA en Analyse numérique et EDP à l’Université Paris 6, puis une thèse toujours avec Benoît Perthame en EDP appliquées à Biologie, à l’ENS, sur les problèmes de mouvements collectifs de cellules, que j’ai soutenue en 2007. C’était assez théorique mais à la fin j’ai pu avoir des contacts avec des biophysiciens à l’Institut Curie à Paris qui avaient des expériences sur le sujet et on a travaillé ensuite ensemble pendant 3 ans. Cette rencontre m’a ainsi rapproché des applications expérimentales. C’était un super travail.

Après ma thèse, j’ai passé six mois à Barcelone (Espagne), puis j’ai été recruté comme Chargé de recherche à l’ENS de Lyon en 2008.

Vous avez obtenu un ERC en 2015. Que récompense-t-il et que représente-il pour vous ?

 En 2015, j’ai obtenu la bourse ERC (European Research Council) dans la catégorie des bourses individuelles « Starting Grant », pour les jeunes chercheurs.

Le projet pour le lequel j’ai obtenu cette bourse est le projet MESOPROBIO, sur la « Modélisation à l’échelle mésoscopique du problème des vivants pour l’appliquer au mouvement collectif des bactéries, aux espèces invasives et au vieillissement des populations ».

C’est une bourse que j’ai obtenue pour cinq ans, de 2015 à 2020, qui a pour but de financer la recherche sur ce sujet, ainsi que de financer des postdoctorants et des conférences. Nous sommes trois dans le projet, moi-même, Jimmy Garnier (2) et Sepideh Mirrahimi (3).

J’ai également obtenu deux prix mathématiques : la médaille de Bronze du CNRS en 2014, et le prix de l’European Mathematical Society (EMS) en 2016. Il est important à mes yeux que ces prix concernent des mathématiques générales. Cela permet de donner du crédit au domaine des mathématiques appliquées à la biologie.  C’est un domaine extrêmement dynamique et porteur de problèmes originaux pour la communauté mathématique.

Parlez-nous de vos travaux liés à cet ERC

 Le projet ERC est fait pour développer des idées. Et je suis très content de l’avoir obtenu car ce qui me tient particulièrement à cœur sont les problèmes qui viennent de la biologie, et ces derniers ont besoin de formalisme mathématique assez original. Pour arriver à ce formalisme original, il faut du temps pour travailler. Et le projet me donne la liberté de me consacrer à ces problèmes qui ne sont pas encore bien verbalisés.

Entre le moment où on a écrit le modèle validé scientifiquement et celui ou j’ai obtenu le premier résultat, il s’est écoulé cinq ans.

L’important pour moi est l’exigence. Je souhaite faire des mathématiques originales avec des problèmes qui proviennent de la biologie et faire que l’analyse mathématique quantitative apporte de nouvelles méthodologies utiles aux biologistes. Un prix est rassurant, cela signifie qu’on est reconnu de la communauté mathématique pour ses travaux.

Quel est l’enjeu de vos recherches et quelles sont leurs applications ?

Apporter des problèmes aux mathématiciens et des réponses aux biologistes, en étant exigeant des deux côtés.

L’une des choses les plus concrètes que l’on regarde est comment une population vieillissante s’adapte à un changement d’environnement.

Travaillez-vous en collaboration ?

Essentiellement en collaboration avec des jeunes. Sur le projet ERC, nous sommes trois chercheurs à travailler avec trois thésards et trois postdoctorants.

Que vous apporte le Labex MILYON ?

Le Labex MILYON m’a tout d’abord permis d’organiser le trimestre thématique Biomath en 2013. C’était d’ailleurs le premier trimestre organisé par le labex. Ce trimestre a permis de forger des liens entre équipes à Lyon, et à initier de nouvelles collaborations avec des gens extérieurs, de plusieurs disciplines.

Il a contribué à la construction du projet ERC. Le labex nous a apporté énormément de supports financiers et surtout une grande liberté dans l’organisation de l’événement. Nous avons pu choisir des conférenciers multidisciplinaires, mathématiciens, biologistes, médecins, physiciens et informaticiens. Le labex me finance aussi un post-doctorant américain.  Je trouve par ailleurs, que le Labex MILYON joue un grand rôle dans la diffusion des mathématiques et de l’informatique via la MMI (Maison des mathématiques et de l’informatique) qu’il a créé, car celle-ci soutient en particulier les interventions de MathαLyon, des animations scientifiques faites par des chercheurs dans des collèges et lycées.

Qu’est-ce qui vous fascine dans votre métier de chercheur ?

Ce sont les mathématiques et la biologie, les deux à la fois. Ce qui est passionnant, c’est de discuter avec des biologistes. Cela n’arrive pas souvent, mais lorsque ça arrive c’est intense.

Quelles sont vos ambitions à présent ?

L’important pour moi maintenant est la reconnaisse de notre travail par le domaine de la biologie.

Pour finir, les mathématiques pour vous en trois mots ?

Universel, exigeant, inventif.

Pour finir, je rajouterai que je suis très content de mon métier. S’il fallait recommencer à zéro, je referai la même chose.

 

  1. Chargé de Recherche CNRS dans l’équipe EDPs² du Laboratoire de mathématiques(LAMA, UMR CNRS 5127) de l’Université Savoie Mont-Blanc à Chambéry.
  2. Mathématicien, spécialiste des équations aux dérivées partielles non-linéaires et leurs applications en biologie, à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris.
  3. Chargée de recherche CNRS, Institut de Mathématiques, Université Paul Sabatier à Toulouse.
Vincent Calvez réalisant des films de savon avec du matériel issu du dispositif d’ateliers mathématiques pour les scolaires : MathaLyon.
Vincent Calvez réalisant des films de savon avec du matériel issu du dispositif d’ateliers mathématiques pour les scolaires : MathaLyon. - © Crédit photo : Régis Goiffon